L'être social que l'on montre...
13 novembre 2014, 23:53
[ou l'autopsie d'un de mes tableaux de 2004 "Le temps figé", hors série.]L'être social que vous montrez aux autres est la personne que vous êtes,
L'être social que l'on montre aux autres n'est pas forcément la personne que l'on est,
L'être social que je montre aux autres est celle que je ne suis pas,
Ce que je ne montre pas aux autres est l'être social que je suis...
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Dans ces affirmations de négations, où est-ce que je me trouve ?
Me suivez-vous quand je dis que je ne suis pas ?
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Est-ce que je dois suivre pour être ?
Est-ce que je suis si je suis, est-ce que je suis si je ne suis pas ?
Je ne suis rien, je n'ai rien à suivre mais ce que je sais, c'est que je suis quelqu'un, même si je ne suis personne.
Je ne suivre rien mais j' être quelqu'un même quand je ne suivre personne.
Définitivement
l'infinitif serait plus que parfait pour s'exprimer et se faire
comprendre lorsqu'il existe des homonymes , des homographes ou des
homophones. Donc il faudrait sans cesse rectifier et expliquer les
choses.
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Longtemps, longtemps avant il y avait le "to be, or not to be that is the question" et le "cogito ergo sum" ?
Mais si je pense que je ne suis pas, suis-je ?
Mon existence, c'est quoi ?
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Il
y a longtemps que j'avais peint ce tableau, il y a dix ans déjà. Il
retraçait mes sensations et il est toujours d'actualité car peu importe
ce qui se trouve(nt) derrière le rideau rouge, je suis toujours la même
sur l'avant scène. Comme un tableau exutoire exorcisant mes craintes
d'être une mauvaise compagne, une mauvaise mère, une mauvaise femme
d'intérieure, une mauvaise cuisinière, une femme maladroite et
désordonnée et a contrario une femme trop rigide et trop
organisée, faisant les courses et le ménage, portant de nombreux sacs de
courses et des responsabilités. Le grand capharnaüm de mon monde
extérieur se heurtant à mon impassibilité de tumulte et de rage... Les
paradoxes de mes mots qualifiant déqualifiant toute chose, comme je
n'accorde aucune confiance à la vie réelle...
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Ce
tableau représente tout ce que je suis et que je ne montre pas. Tout ce
que je ne montre pas est enfoui au fond de moi en pile bien agencées et
organisées. La vie sociale derrière les murs, moi face à un mur
d'angoisse, derrière lequel n'existe que le vide. Tant d'interdictions,
tant d'obligations. Une vie vide de sens que je tente de remplir par du
savoir. Apprendre pour savoir qui je suis, d'où je viens et à quoi je
sers.
Faire comme tout le monde, essayer du moins et avoir une
vraie vie avec mari (s) et enfants. Mari avec "s" parce qu'il est si
difficile de comprendre réellement les humains avec qui l'on tisse des
liens si proches que l'on qualifie d'affectifs et qui deviennent si
pesants et tendus que l'on doit se résoudre à regagner sa solitude. Je
devais me résoudre à regagner ma solitude...
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L'INACTION
: Mes efforts d'inaction symbolisés par cette crevasse dans laquelle
coule de la lave brûlante creusant et maintenant ce fossé
d'incompréhension entre moi et les autres. Des autres que j'aime
pourtant, que je sers dans mes bras dans la réalité sociale qui est
normée et normative que je me dois de respecter, que j'embrasse et que
je câline. Mes enfants que j'aime, que j’adore, à qui j'explique tant
de choses et à qui je fournis des chapitres de savoir en réponse à une
question simple.
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L'ACTION
: Mes efforts d'action symbolisés par ma profonde réflexion, mon
introspection, mes longs silences, mon incapacité à changer. Moi, nue
sous mes habits sociaux. Moi, pareille à moi-même, toujours. Moi, face
au temps qui passe, aux secondes qui égrènent les jours des mois et des
années.
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Je
ne suis que celle-là, l'incomprise, cette alien enfermée à l'intérieur
de moi, cette extra-terrestre pétrie de dualité et de doutes, j'y mets
vraiment toute mes forces chaque jour pour être celle que je vous donne à
voir. Et je réussis bien, je suis parfaite ! Vous la voyez, vous croyez
que c'est celle que je suis, je suis la comédienne qui joue sa vie, qui
interprète son rôle à la perfection pour vous, qui essaie de partager
avec vous...
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MAIS
: Quand le soir arrive, quand la nuit tombe, je dois me rendre à
l'évidence que je suis éternellement seule devant mon rideau rouge...
Illustration : "Le temps figé" 2004 - Acrylique sur toile - Format 60x60 cm - par Coryne Sciacca - peintre autodidacte