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Des comportements atypiques

Les signes typiques du fait que je sois atypique

Mes jeux préférés ou habitude quand j'étais enfant,  sans ordre de préférence ;

  • Regarder les billes de verre de mon grand frère et les faire tourner pour  faire changer la lumière
  • La balle rebondissante  transparente de mon frère était encore plus fantastique que ses billes
  • Jouer avec les rayons de soleil  et faire danser la poussière
  • Rester assise par terre et découper, découper et découper encore
  • Aligner mes nounours dans le lit avant de me coucher et ne garder contre moi que le petit nounours 
  • Tenir ma poupée dans la main  et me promener avec elle sans jouer (c'était une poupée blonde de la marque Chouki que j'avais vers 5 ans)
  • Je ne jouais pas aux jeux de faire semblant tel que la dinette ou jouer à la poupée
  • J'avais tendance à répéter les choses que j'avais apprise en boucle tel le mémorable "c'est une pulpe" quand je décortiquais mes oranges ou mandarines ou autres agrumes, ou encore "c'est du mycélium" sur le camembert,  "c'est du pénicillium" sur les fromages bleus, et ce n'est pas une fois, pas deux fois, pas trois fois, c'était pratiquement tout le temps...
  • J'aimais manger ma nourriture écrasée, et j'écrasais donc tous mes légumes en purée, y compris les bananes
  • J'aimais manger mon fromage, j'appelais ça du rouge à cause de la peau en cire, c'était de l'édam, en coupant une forme carrée puis en deux, puis en deux, puis en deux, puis en deux, puis en deux....

 

Les "fugues"

Parce que j'avais tendance à m'échapper ou à suivre des gens pendant que ma mère m'amenait avec elle faire les courses, elle me tenait régulièrement avec un  harnais. 

 

Je ne regardais pas dans les yeux

On peut le remarquer sur de nombreuses photos, mon  regard ne croise pratiquement  jamais le photographe alors qu'à cette époque les photos papier étaient précieuses et que l'on essayait de capter au maximum l'attention par un "Le petit oiseau va sortir..."

 

Des difficultés de coordination motrice

Je n'ai jamais réussi à jongler de ma vie, ni à jouer avec des raquettes, je ne réussissais pas à sauter à la corde en double dutch mais seulement à la corde simple
J'ai pratiqué la gymnastique depuis l'âge de 6 ans et pourtant je n'ai jamais réussi à progresser autant que les autres filles du groupe parce que je me suis toujours emmêlée dans les enchaînements, j'ai juste acquis une grande souplesse corporelle

 

Des colères à hauts risques :

Bien souvent, je faisais des colères et la plus mémorable sera racontée complètement parce que j'ai failli y laisser ma vie.
Mais il m'arrivait très souvent de crier très fort à percer les tympans quand je jouais avec mon frère (en fait c'est lui qui jouait avec moi),  il aimait me faire pleurer et disait toujours à ma mère "c'est pas moi, c'est elle" mais il se faisait punir car mes parents n'étaient pas dupes.
Vers 5 ans, je jouais à lancer mon nounours sur mon père pour qu'il me le renvoie et je n'ai pas compris la fin du jeu et je continuais à lui lancer dessus ou peut-être n'était-ce pas un jeu ! Il a déchiré mon  nounours et ma mère a été obligée de m'accompagner en acheter un autre pour le remplacer sinon je n'aurais jamais pu dormir le soir-même.

 

Juste un mois avant mon accident domestique.



Les questions qui se sont toujours bousculées dans ma tête par rapport à cet événement  sont de l'ordre de la cause et de la conséquence. J'étais une enfant très calme le jour et par contre je dormais mal la nuit et je pleurais fréquemment. C'est ce que ma mère m'a toujours dit.
Elle a souvent insisté sur le fait que Madame Combin,  notre voisine du 7ème étage tapait au plafond avec son balai quand je pleurais trop fort la nuit. Ma mère  lui avait fait remarquer que je n'étais qu'un bébé et que  lorsque je faisais des crises de larmes la nuit, elle et mon père essayait de me consoler,   mais qu'elle n'allait pas me bâillonner  pour lui faire plaisir. 


Les choses avec  la voisine s'étaient arrangées puisque je me rappelle qu'ensuite lorsque j'ai grandi, vers 6 ou 7 ans,  j'étais chargée de procéder à l'échange de magazines entre ma mère et la voisine. Je descendais avec quelques "Nous Deux" et je remontais avec des "Intimité du foyer" craignant les questions de la voisine, je disais juste "Bonjour, maman donne ça" et je tendais les magazines et j'attendais sagement qu'elle me remette les autres.

Pour en revenir à l'accident domestique que je vous raconterai ensuite ci-dessous,  je me suis toujours demandé si c'est  ma colère et l'accident qui avait provoqué mon repli sur moi-même, ou si c'est mon repli sur moi-même et mon incapacité à bien communiquer qui avait provoqué la colère et l'accident. Le fait est que j'avais alors 2 ans et que j'ai dépassé le demi-siècle en gardant des difficultés relationnelles, des colères, une hyposensibilité à la douleur et aux températures, une confusion du chaud et du froid, et a contrario une hypersensibilité quand on me touche légèrement... (entre autres)

Depuis que j'ai entamé mon parcours diagnostique pour l'autisme et le syndrome d'Asperger, (http://extragaussienne.blogspot.fr/2015/11/arroser-ou-asperger.html) le discours de ma mère a changé et comme par miracle, j'étais une enfant calme et ne faisant jamais de colère. Alors je lui ai demandé récemment si mon jeu préféré  à deux ans avait été de me jeter calmement sur la porte du four de la gazinière ?




Implosion  de la barre HLM dans laquelle j'habitais :

Démolition de la barre B, à Avignon dans le quartier de Champfleury (M6 1987)



Le souvenir de ma journée du 20 août 1964

NOTE : Il s'agit d'un texte que j'ai écrit en 2002 

Il fait partie d'un livre autobiographique,  édité sous pseudonyme, paru sous le titre  "L'enfer du JE"


"C’était une belle journée d’été. J’avais à peine plus de deux ans, vingt six mois et deux semaines très exactement.

Maman m’avait fait ma toilette et vêtue d’une petite robe de Nylon à petits carreaux bleus, après s’être occupée de mon frère aîné âgé de cinq ans et demi. Papa était là lui aussi. Était-ce un dimanche ou bien était-il en vacances ?

Malgré l’ancienneté des faits, je conserve quelques bribes de souvenirs. Ou est-ce que l’on m’a raconté cette histoire si souvent, que j’ai des réminiscences. Je suis persuadée que l’on peut se remémorer les événements qui se sont passés dans la très jeune enfance. Certains penseront que cela n’est pas possible.

Maman préparait le repas dans la cuisine. Toute la famille était dans la cuisine.

Oui, cela devait se passer un dimanche car le menu du jour était de la daube avec des pâtes à la sauce tomate.  (en fait nous étions un jeudi et souvent ma mère gardait au frigo les restes du dimanche pour les consommer le jeudi)

Ce menu, je l’ai mangé tous les dimanches jusqu’à ce que je parte de la maison.

Nous habitions dans une HLM d’architecture Le Corbusier, au huitième étage d’un immense immeuble qui en comptait dix huit. Les petits commerces tels que l’épicerie, la boulangerie, la boucherie, le tabac-presse, le coiffeur, la droguerie étaient situés au rez-de-chaussée et rien n’obligeait les femmes à sortir de ce grand ensemble puisque tout y était disponible sans avoir besoin d’aller courir en ville. Six doubles entrées avec des portes tournantes dans un énorme tambour, sur le devant de l’immeuble et des portes de verres à châssis en fer s’ouvrant sur l’arrière et les parkings, un total de deux cent seize appartements et plus de mille personnes. Pour un seul bâtiment, et il y en avait quatre autres, un peu moins hauts. Presque en majorité des fonctionnaires de différentes administrations, police, préfecture ou encore les PTT. C’était une ruche humaine, je m’en suis aperçue en grandissant et nous avons déménagé pour mon onzième anniversaire.

Donc, ce jour là aurait pu être un dimanche ordinaire. Mais pendant que maman préparait le repas j’ai eu la mauvaise idée de vouloir jouer avec la porte du four de la gazinière. Je voulais m’asseoir dessus comme si c’était un petit fauteuil. Papa m’a enlevée de là et m’a dit de ne pas recommencer.

Je recommence quand même et papa me donne une tape sur les fesses. Alors je me suis mise à crier, et j’ai ouvert une troisième fois la porte du four et m’y suis laissée tombé de tout mon poids. Je devais peser plus de dix huit kilos, j’étais très grasse et c’est sûrement cela qui m’a sauvée. La gazinière a basculé, papa l’a retenue pour ne pas qu’elle m’écrase et s’est blessé le pied, mais maman n’a pas pu retenir la marmite d’eau bouillante avec les bonnes pâtes italiennes qui étaient en train de cuire.

Je ne me souviens pas de la douleur mais mes parents m’ont raconté que j’ai hurlé. Les dix litres d’eau ont coulé sur mon dos, les pâtes presque cuites se sont incrustées dans ma chair et papa s’est brûlé l’avant-bras en essayant de retenir la marmite qui a fini sa chute sur le pied de mon frère.

Le dimanche était bien fichu. Mes parents ont eu le réflexe de me déshabiller entièrement et de m’envelopper dans une serviette éponge. Un voisin nous a emmenés à la clinique car nous n’avions pas de voiture.

J’y ai passé trente jours. J’étais installée dans un petit lit, à plat ventre et attachée pour ne pas que je me retourne. Si bien qu’au bout d’un mois la peau de mon ventre était complètement pelée. Maman m’a dit que le traitement consistait à me poudrer régulièrement mon petit dos et que le docteur enlevait avec des pincettes les pâtes qui se desséchaient. Il ne pouvait pas les enlever le jour même car elles arrachaient des bouts de chair.

Les lésions s’étendaient de la nuque jusque derrière les oreilles, et descendaient vers les reins, les plus grosses brûlures étaient localisées entres les omoplates, ma petite robe avait servi en quelque sorte de récipient, et les pâtes qui devaient avoisiner une température de 85 à 90 degrés se sont bien collées. Les brûlures au troisième degré créent une insensibilité à la douleur car elles détruisent entièrement le derme et les terminaisons nerveuses, les cloques qui étaient des brûlures du premier et deuxième degré me faisaient, elles, beaucoup plus souffrir.

Je garde aujourd’hui des stigmates de cet événement, la peau de mon dos est marbrée. Et j’ai une très bonne tolérance aux changements de température. Mon « mari » me dit souvent que je suis un serpent car je ne transpire presque pas pendant l’été et supporte facilement des chaleurs torrides. Je reste fraîche alors que tout le monde s’éponge le visage et j’ai souvent la chair de poule même lorsqu’il fait 35 degrés.

Ce qu’il y a de bien, c’est que l’hiver je ne ressens pas non plus le froid et je ne mets pratiquement jamais de gros pulls.

Donc, le traitement avec des pincettes a duré un mois entier.

Et mes parents m’ont raconté tout cela.

Mes souvenirs à moi sont plutôt flous mais il me reste des images, précises, comme des clichés. Comme si durant cette période d’inactivité où je n’avais ni jeu, ni dépense physique, ni personne pour me serrer dans ses bras, je n’avais fait que regarder la pièce dans laquelle j’étais par ma faute, à cause de mes caprices.

Je me souviens de mon petit lit d’hôpital, avec ses barreaux. Ce que je me rappelle le plus c’est que la chambre était très sombre. Il y régnait une pénombre quasi permanente, je me souviens du globe de lumière sur le mur qui luisait d’une faible luminosité jaune. Je me souviens d’une petite table contre un mur gris. Et je me souviens d’une moustiquaire au-dessus du lit. Je suppose que l’on avait mis cette étamine pour me protéger des microbes. Je me souviens des sangles qui me tenaient par la taille et m’empêchaient de me mettre sur le dos. Je me souviens que j’étais torse nu. Je me souviens du visage de ma tante qui me souriait entre les barreaux lorsqu’elle m’a apporté MeToo.

MeToo, c’est mon nounours en peluche. Il n’avait pas encore de nom à cette époque, je l’appelais «mon nounours», je ne l’ai baptisé que vers quatorze ou quinze ans.

Je me souviens que je n’avais pas le droit d’avoir le nounours, et qu’il est resté sur la petite table jusqu’à ma guérison.

Ce nounours compte énormément pour moi et aujourd’hui à près de quarante ans, je ne m’en sépare toujours pas.

Depuis ma sortie de la clinique, il dort avec moi. Lorsque je pleure, il est forcément contre moi.

Le petit MeToo vieillit et il a eu droit à quelques opérations de chirurgie esthétique. J’ai recousu ses yeux, des perles noires luisantes. J’ai réparé son nez qui se décrochait et retissé son museau. Je lui ai remis une petite langue de feutrine rouge pour qu’il garde son air mutin. Je lui ai même décousu sa nuque pour le rembourrer car avec le temps la mousse intérieure s’était dégradée, puis, je l’ai refermé avec soin en faisant un surjet de fil blanc, cela ne se voit pas. C’est toujours mon nounours et il ne s’est pas beaucoup transformé. Je l’ai toujours amené avec moi et lorsque je partais en colonie de vacances, je ne l’oubliais pas. Aujourd’hui encore si on m’invite et que je dois passer la nuit hors de chez moi, je le mets dans ma valise car j’ai du mal à m’endormir s’il n’est pas calé entre mon épaule et mon visage. Il vieillit et il commence à perdre un peu de sa fourrure alors je ne le lave plus aussi souvent qu’avant.

Je ne peux pas me défaire de lui. Je pourrais le remplacer et en prendre un autre. Parfois je pense que je vais lui acheter une petite vitrine pour le mettre dedans et en avoir un neuf. L’idée de le mettre dans une boîte, un petit cercueil de verre. Il va s’ennuyer… Mais ce n’est qu’une peluche ! Il est dur de faire la part entre le sentiment que j’éprouvais pour lui lorsque j’étais enfant, et mon sentiment actuel. Je crois que je n’ai jamais changé. La perte de mon nounours serait sûrement un drame. Je ne suis pas rationnelle…

Je trouve assez comique de constater que mes propres enfants n’ont pas d’attachement à une peluche en particulier, ils ont plusieurs jouets et nounours mais ils changent au gré de leur humeur.

Mon fils aîné avait un nounours préféré jusqu’à huit ans et l’a laissé en grandissant. Le deuxième avait une « vévert », c’est le nom qu’il donnait à sa couverture de berceau et il la trimbalait partout jusqu’à cinq ans environ, et la petite troisième a eu sa « jaja » qui était aussi sa couverture de berceau mais elle l’a très vite abandonnée aussi.

Mon nounours MeToo, est souvent la cause de chamailleries avec mon « mari », il me le met parterre lorsqu’il fait le lit. Alors je le ramasse, je l’embrasse, et lui dis qu’il n’y a que moi qui l’aime. Je lui fais des bisous avant de me coucher et lorsque je me réveille. Parfois, lorsque je suis de bonne humeur, je tends MeToo sur mon « mari », mime un petit bisou du nounours sur sa joue et je lui dis « bonjour » avec une petite voix. Ça le fait rire, il me trouve enfantine. Je suis encore une enfant !

Je suis sûre que je ne grandirais jamais…"












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