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dimanche 30 avril 2017

Amour, théorie de l'esprit et coût cognitif

Il semblerait simple et facile de penser que l'obtention d'un  diagnostic mène vers la solution pour effacer un symptôme.

Non, rien n'est solutionné. Il ne s'agit pas d'une fièvre que l'on fait diminuer grâce à l'administration d'un  antipyrétique. En tant qu'autiste, mon fonctionnement atypique devrait être rééduqué et malgré toute la bonne volonté que je m'évertue à placer  pour pallier mes maladresses, tout est toujours une nouvelle situation à analyser. 

Concernant mes difficultés d'attribution des états mentaux  à autrui ainsi que leurs intentions, je suis dans le brouillard le plus complet. Malheureusement pour moi, j'effectue des actions et des comportements qui se révèlent être proches de l'aberration  pour celui ou celle qui se retrouve face à moi.

Ce n'est pas faute d'essayer d'inventer et de créer des comportements adéquats. En fait, bien au delà de l'invention et de la création, il s'agit plus de mimétisme ou d'imitation. Bref, la stratégie de paraitre assez naturelle et spontanée, alors que nenni, tout est millimétré. Mais autant vous avouer tout de suite que je tombe assez régulièrement "à coté de la plaque"...  Ainsi, quand je regarde la télévision  et notamment dans les reportages ou bien les jeux télévisés, j'observe les gens, et je me pose la question de savoir comment je réagirais si j'étais à leur place. Mais est-ce cela se mettre à la place de quelqu'un ? J'ai tout à coup la révélation en l'écrivant ! Je crois que j'agis à l'envers de ce que je devrais. La théorie de l'esprit consiste à attribuer des états mentaux aux autres. Or, la seule chose que je sais me demander est "Comment est-ce que, moi, je réagirais ?"  Je ne réussis pas à me mettre à la place de l'autre pour ressentir intérieurement les émotions qu'il ressent. De ce fait, je vois une personne qui s'agite, rit ou pleure par rapport à une situation mais si je me pose la question à ce moment-là c'est que je suis certaine que je n'aurais pas réagi de la même  façon, donc j'essaye de comprendre pourquoi. 

En outre, croyant pouvoir saisir la compréhension d'une situation, je recours souvent à la vérification  de ce que je crois ou j'ai cru comprendre. Cela se manifeste par un sur-questionnement de cette situation, car je veux en saisir toutes les articulations. Ainsi,  j'ai sans cesse l'impression que certaines des données ne sont pas cohérentes ou alors me semblent manquantes. Je reviens régulièrement sur ce qui m'avait été dit, et d'autant plus  si j'ai été confrontée à un mensonge, ou à une "transformation de la vérité". La multiplication des réseaux sociaux --  de Facebook à Instagram en passant par Tweeter, des blogs personnels, ainsi que mon grand allié Google --   permet  de chercher des indices de vérité et de trouver des confirmations ou bien des infirmations de dires. Je ne sais pas gérer la fausseté, je ne sais pas gérer les émotions qui se développent en moi dès lors que la vérité a été transformée, embellie, tronquée. Je sombre dans le mutisme et la bouderie car je n'ose dire que je me suis aperçue que l'on me menait en bateau, c'est ainsi que je l'analyse et puis  dans la colère dès lors que l'on me fait parler, puisque la personne s'évertue ensuite à pointer du doigt le fait que je sois allée faire des vérifications. Beaucoup de choses sont publiées sur internet et sont en accès libre, pas besoin d'aller pirater un ordinateur !

Donc, il serait normal que l'Autre déforme la vérité et anormal que j'essaie de la rétablir. 

Mon confort cognitif personnel pour éviter la confusion  serait dicté par une recherche malsaine et voyeuriste. Cependant, je ne l'envisageais pas comme telle. Sincèrement, la recherche de vérité a toujours été pour moi la grosse problématique de mon comportement. Je ne cherche pas à piéger l'Autre, c'est le contraire, je cherche afin qu'il ne me piège pas.

Cette recherche n'est pas une paranoïa, je ne me sens pas agressée et visée, je veux juste comprendre et lever des doutes. Cela tient plus à calmer une angoisse montante, le trouble anxieux généralisé (TAG) est une comorbidité fréquente chez les personnes Aspies. D'ailleurs, ça trotte dans ma tête comme une comptine pesante qui tourne en rond. Pourquoi telle personne m'a dit cela il y a quelques jours et aujourd'hui un élément me fait immédiatement penser que cela était erroné ou mal formulé. Je focusse sur un détail. Cette focalisation devient un grain de sable dans les rouages de ma pensée, un intrus que je dois chasser pour recommencer à réfléchir de façon fluide, sinon, je bugge. Donc, je vais vérifier.

Ce qui m'embête, c'est la facilité avec laquelle de nombreuses personnes  modifient leurs paroles, leurs récits,  par souci de simplification, ou pour ne pas s'étendre sur un sujet. Or,  lorsque l'on fait connaissance et que l'on s’intéresse à l'autre, il me semble nécessaire de  respecter la sincérité. Sinon, comment accorder sa confiance ? Comment même tisser un vrai lien, un vrai rapport ?

Cela me semble insurmontable, tant la tache est dure pour moi.  Il devient alors plus confortable d'un point de vue cognitif et émotionnel  de ne pas avoir de relation sociale.  Mais en ce qui concerne l'Amour, j'essaie de m'accrocher en espérant que mon besoin de compréhension ne me sabote pas au final...


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Et une petite chanson pour illustrer, un vieux son de la fin des années 80's que j'adore.
Les paroles résument assez bien le fait que certaines personnes savent d'avance comment séduire pour partir ensuite.




ÉVALUATION DIAGNOSTIQUE DU TROUBLE DU SPECTRE DE L'AUTISME EN DATE DU 19/04/2016

Au mois de juin 2016, j'ai enfin eu le dernier rendez-vous pour recevoir le compte rendu de mes différentes évaluations. Pour ne pas être seule durant le trajet, mon fils cadet m'a accompagnée. malgré la répétition des déplacements au centre hospitalier, la route reste toujours la source d'angoisse première avec  l'appréhension des retards dus aux embouteillages, aux travaux et au bruit.

Je suis reçue par le psychiatre et la psychologue qui me liront le rapport d'évaluation  et mes résultats aux différents tests passés. Je mets ci-dessous  en version très raccourcie les conclusions de mon bilan personnel.


ÉVALUATION DIAGNOSTIQUE DU TROUBLE DU SPECTRE DE L'AUTISME EN DATE DU 19/04/2016

Pour répondre à la demande d'évaluation diagnostique, nous avons entrepris différentes évaluations :
- Le test de reconnaissance des faux pas (version mini-SEA)
- Le test de reconnaissance d'émotions faciales (visages d'Ekman)
- La TOM l5

- Le test de reconnaissance des faux pas (version mini-SEA)
Le test de « reconnaissance des FAUX pas » permet d'évaluer certains aspects de la théorie de l'esprit (attribution d'états mentaux, de croyance et d'intention chez autrui) et relève de la cognition sociale. Sur dix histoires, la personne évaluée doit repérer celles contenant un «faux pas » (c'est-à-dire qu'au moins une personne dans l'histoire a dit quelque chose qu'elle n'aurait pas dû dire ou a dit quelque chose de maladroit).

- Le test de reconnaissance d'émotions faciales (visages d'Ekman)
Dans cette épreuve, trente-cinq visages en noir et blanc sont proposés. La personne doit choisir l'émotion la plus appropriée parmi sept proposées (la joie, la peur,le dégoût, la colère, la surprise, la tristesse et un visage neutre). Un point est attribué pour chaque bonne réponse.

TOM- 15
Il s'agit d'une échelle permettant d'évaluer la théorie de l'esprit chez des personnes ayant un âge
développemental inférieur à 6-7 ans. On évalue les l'état mental qu'une personne a, en adoptant sa perspective (théorie de l'esprit de premier ordre) et les représentations qu'à une personne sur une autre (théorie de l'esprit de deuxième ordre). C'est ce qui permet une compréhension du comportement humain. La théorie de l'esprit nous permet d'interpréter et de prédire le comportement de nos pairs, dans une situation donnée.

CONCLUSION DES ÉVALUATIONS
Les différentes évaluations entreprises montrent d'importantes difficultés pour identifier les maladresses sociales attendues. Elle ne parvient pas toujours à se saisir de certaines subtilités du scénario. Elle semble ne pas comprendre les véritables enjeux sociaux, qui se jouent dans une situation donnée. Elle n'arrive pas à attribuer des croyances et des pensées à autrui (théorie de l'esprit) et à donner des sentiments aux personnages, en adéquation avec la situation
donnée, et ce, malgré une bonne compréhension des histoires. Elle présente également des difficultés dans l'identification des émotions primaires sur des images de visages. Ces déficits, mis en évidence dans le bilan, pourraient notamment expliquer certaines de ses difficultés dans son quotidien.


CONCLUSION MÉDICALE

Nous avons reçu Mme S. dans notre unité de l'hôpital Valvert. Nous avons réalisé un entretien
psychiatrique et une évaluation de la cognition sociale (questionnaire des faux pas, théorie de l'esprit et face test).
Mme S. rapporte des difficultés dans les relations sociales au quotidien. Elle décrit des maladresses verbales. Elle suspecte un syndrome d'Asperger.
Au cours de l'entretien, nous avons pu observer de bonnes compétences en interaction sociale. Les
aptitudes en communication verbale sont de bonnes qualités, l'offre d'information est riche. On note en revanche une plus faible réciprocité émotionnelle et peu d'adaptabilité dans son comportement social.
Les tests de la cognition sociale rapportent des erreurs en théorie de l'esprit et en perception des
dilemmes sociaux. La reconnaissance des émotions sur des photos de visages est très coûteuse et on compte de nombreuses erreurs.
En conclusion, nous retrouvons des difficultés de la cognition sociale aussi bien cliniquement que
dans les tests proposés, ce qui est évocateur d'un trouble du spectre autistique.
Nous confirmons le diagnostic de syndrome d'Asperger associé à d'assez bonnes stratégies de
compensation.
La poursuite du suivi en psychothérapie est conseillée. Un travail spécifique sur les habiletés sociales
pourrait également permettre une amélioration du fonctionnement social au quotidien.

vendredi 14 avril 2017

02 avril 2017 : journée mondiale de sensibilisation à l'autisme

Comme chaque année le 02 avril est la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. En tant qu'artiste autiste, je me joins à la grande vague bleue qui est la symbolique visible pour exprimer notre différence puisque l'autisme en lui-même est invisible. Je tiens à affirmer que la neurodiversité est une richesse. J'espère que de nombreuses personnes soutiendront cette journée et s'informeront sur l'autisme qui regroupe diverses formes. L'information, la recherche de connaissance, l'intérêt et la curiosité que l'on peut porter pour connaître et comprendre le fonctionnement particulier d'une personne autiste éviteront bien des malentendus #TousEnBleu #WorldAutismDay

Merci à tous,