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Mon deuxième rendez-vous au CRA

Mon deuxième rendez-vous au CRA  a été assez épuisant encore une fois. Il y en aura un troisième, peut-être, car  c'est selon ce qui sera dit et réfléchi lors de la réunion d'équipe (le psychiatre et la psychologue... Moi j'appelle cela un binôme et pas une équipe, mais bon...),  pour faire des tests. 

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En premier lieu, je vais retracer cette journée, parce que pour moi, même s'il s'agit d'un rendez-vous d'une heure, il prend mon temps d'une journée entière.
Bien que cela fasse la deuxième fois que je me rende sur les lieux, je n'ai pas réussi à apprendre l'itinéraire. Ainsi pour essayer de ressentir moins de stress et de panique, j'ai profité de la présence de mon second fils à la maison pour qu'il m'accompagne. 
Je nous ai donc préparé un pique-nique pour que nous mangions sur place avant mon entretien prévu à 14 heures. 
Départ vers 10 heures 30 pour la grande ville !
Et oui, malgré notre attention particulière nous nous sommes un peu perdus et heureusement que Madame GPS est venue à notre secours.


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Presque 14 heures, nous allons attendre à l'intérieur. Cette unité, comme pour la toute première fois,  semble déserte. Nous entendons un cri assez lointain, une sorte de plainte, un pleur peut-être, et le silence revient.

Le psychiatre sort, je le reconnais, il ressemble à sa photo d'après les recherches que j'ai faites sur Internet, des lunettes en plus, parce que je n'aime pas rencontrer des inconnus, je connais donc son cursus, où il a travaillé avant,  durant sa thèse, je "stalke" mais pour mon confort et non par curiosité,  va au secrétariat, et rentre à nouveau, marche vite et court et revient vers moi, prononce mon nom dubitatif et je confirme que c'est bien moi, il me recevra dans quelques minutes.

Mon fils me fait remarquer qu'il a l'air stressé. Je n'y suis pour rien. C'est un jeune psychiatre comme on pourrait dire fraichement émoulu de son cursus médical.  

Combien en aura-t-il rencontré des "comme moi". Au vu des statistiques et de la prévalence du "trouble" et compte tenu de la non fixation et rigidité d'un trouble encore mal connu du fait des quarante ans de retard en France sur le syndrome ? Peut-être jamais ! Ce qui est certain c'est qu'il ne m'a jamais rencontrée. Pourtant, je lui ai donné beaucoup de matière à lire afin qu'il me connaisse au mieux parce que ce n'est pas le questionnaire d'évaluation qui peut suffire...

Ainsi, je lui ai fourni un album de mes photos de 0 à 5 ans sachant qu'à cette époque les photos sont précieuses et fixent un moment particulier. Au début de années 60, les pellicules contiennent 12 ou 24 clichés qu'il faut amener chez le photographe pour les faire développer et enfin pouvoir se remémorer l'instant en famille.   Ce n'est pas l'instantanéité numérique de notre dernière décennie dans laquelle on photographie à tout va, toutes les minutes y compris les plus futiles pour obtenir la beauté de l'image. Les photographies que je lui ai fourni montre un bébé soucieux, sérieux, plongé dans ses pensées, un peu à l'écart des autres enfants et même parfois à l'écart des autres dans les repas de famille.

Je lui ai fourni via le mail de la psychologue et à son attention mes écrits universitaires et je sais la capacité que nous avons lorsque l'on a fait des études universitaires à lire vite et en diagonale. Donc beaucoup de pages, il en viendra vite au bout et à bout, je lui accorde de fait une confiance totale car cela fait partie de son métier.

Je lui ai indiqué l'adresse du présent blog afin qu'il lise mes articles,  textes, réflexions ou/et poésies qui datent pour certains de mon enfance et soit dit en passant qu'ayant accès à des statistiques fournies par Blogger des vues de mes pages et articles, je sais que personne à part moi-même n'est venu consulter mon blog. Donc,  si je voulais être brève, il ne veut pas en savoir plus sur moi. Il préférera se fier à une heure d'entretien plutôt qu'à une dizaine d'heures de lectures de mes écrits qui ont mis quelques centaines d'heures à émerger.


J'ai fourni l'adresse de ma page Facebook "artiste peintre" pour qu'il regarde mes toiles, anciennes et nouvelles, mes montages photographiques, mes animations, bref qu'il s'intéresse à mon intérêt particulier mais là également, je ne sais pas s'il aura eu le temps nécessaire d'y faire un tour de souris et de quelques clics.


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Je ne peux que me fier à mon jugement d'une manière pragmatique, l'humain que je vais rencontrer, ne connaitra que très peu de choses de moi, s'il n'a pas eu la curiosité de me lire !


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14 heures presque un quart, et je rentre enfin dans le bureau !
Après s'être poliment excuser pour son retard, il me demande de m'asseoir. Je lui indique que j'ai pris mon ordinateur portable si besoin, et pour lui montrer ce que je sais faire (les montages, les tableaux, tout ça, tout ça...) Comme pour le premier entretien avec la psychologue et l'assistante sociale, mon ordinateur restera bien fermé. Personne ne veut voir ce qu'il y a dedans !

Il me demande comment cela se passe depuis le mois dernier et je ne vois pas quoi répondre à part que je n'ai rien vécu de spécial et que je me suis encore perdue aujourd'hui pour venir ici. Je me renseigne pour savoir s'il a pris connaissance de tous les écrits que je lui ai transmis. Il me répond qu'il a parcouru un des textes et qu'il s'agissait surtout  de fonctionnement institutionnel. 
MOI : "Vous avez lu, une partie d'un rapport de stage, et les autres textes ?"
LUI  : "Le mémoire sur les couples pathologiques m'a bien plu"
MOI : "Oui, et les 32 textes de mon blog ? "
LUI  : "Je vous avouerez que je ne les ai pas lu,  j'avais beaucoup de choses à faire"


Dès cet instant, je constate,  je pense de manière pragmatique, qu'effectivement l'humain que je  rencontre ne connait que très peu de choses de moi ! Je suis déjà presque certaine qu'il a posé son diagnostic sans même savoir qui je suis puisque ma psychiatre m'avait informée qu'il lui avait téléphoné suite au premier entretien que j'ai passé avec la psychologue et l'assistante sociale. Et, à ce propos, elle lui avait clairement signifié qu'elle me voyait depuis un certain temps déjà et que 20 minutes de débat en équipe paraissaient faibles voire insuffisantes pour connaître quelqu'un. Mais ... Laissons-lui le bénéfice du doute, je ne souffre d'aucune paranoïa.

Après lui avoir raconté plusieurs anecdotes pour répondre à ses questions (qui reprennent encore comme pour le premier entretien des aspects du tout premier questionnaire),  j'ai  selon lui, une bonne capacité à prendre des distances  ce qui ne serait pas du tout le cas d'un autiste Asperger. Il m'a parlé de la notion de structures de pensées contre  laquelle je me suis positionnée car lors de mes stages de psychologie (je rappelle que je suis psychologue clinicienne)  je ne comprenais pas non plus que l'on puisse catégoriser les gens en différentes structures névrotique ou psychotique ou états limites car selon moi, les structures psychiques comme disait Bergeret reprenant les idées métaphoriques de Freud,  qui se formeraient à partir d'un cristal  qui se fendrait selon une ligne de faille déjà préétablie à la suite d'un choc. Ainsi, notre psychisme serait pour tous,  matérialisé par une sorte de cristal. Je me suis élevée contre cela car selon moi c'est un concept abstrait en précisant que je comprenais mieux la base physiologiques des comportements et les structures du cerveau, que cela était plus représentatif de parler de neurologie que de structures psychiques. 

Et là, il me dit : "Mais si on veut aller plus loin et dans votre sens des choses concrètes, le cerveau ce n'est rien d'autre que du sel et de l'eau" 

Je n'ai pas débattu, mais le cerveau c'est plus que ça ! Il faudrait être absolument stupide pour réduire le cerveau à un simple amas de cellules. Imagine-t-il que je sois à ce point stupide de penser de manière aussi réductrice  Non, je ne lui ai pas dit que je trouvais stupide sa remarque et pourtant je devrais en avoir le droit car je suis plus âgée que lui d'une bonne quinzaine voire vingtaine d'années ! Enfin, il me semble, j'ai un peu du mal à juger. Ainsi, dans l'application des règles sociales, le plus âgé peut faire des remontrances au cadet. Je n'en ai pas eu le courage parce que trop épuisée émotionnellement, nerveusement et physiquement  à ce moment-là, à cause de la route parcourue le matin mème et parce que je me suis encore perdue dans cette grande ville et malgré les indications de Madame GPS qui change de direction à chaque seconde et qu'il faut que je retourne sur mes pas (ou sur mes roues de voiture, humour !) pour retourner à la source de mon erreur et de pas me perdre plus. Donc, ne pas risquer la montée nerveuse et un meltdown qui aurait bien signé et validé le diagnostic à lui tout seul mais qui m'aurait empêchée de reprendre le volant de ma voiture pour retourner chez moi. Mais !  Revenons au cerveau et aux cellules, neurones et cellules gliales, aux dendrites et aux axones, aux différents noyaux ainsi que les différentes structures et étages du cerveau, qui le composent...  Les cellules sont non seulement actives mais communiquent des données. Tous les traitements visuels, olfactifs, auditifs,  sont bien acheminés de manière électrique puis avec des processus chimiques qui activent certaines zones corticales, tous ces échanges physiologiques et les comportements que nous avons chacun de nous peuvent être matérialisés, surtout maintenant avec l'avancée des recherches sur le cerveau.  Circuit de la récompense, du désir, de la motivation, de la peur, de l'anxiété, du dégoût, de la somesthésie, de la nociception, etc...  Il serait bien que je publie tous les mind-map que j'avais dessinés pour cerner mon cours de neuropsychologie, et j'y consacrerai une page, très bientôt.

Les apprentissages par essais/erreurs, c'est eux qui m'ont construite bien plus qu'un soi-disant traumatisme, d'abandon ou de souffrance infantile, ou autre trauma d'interprétation psychanalytique ! Je considère cela bien plus crédible que la "psychologie" et qu'une pseudo structure névrose/psychose. Et nier cela, au profit de la non-interprétabilité psychologique ou psychanalytique en me disant en guise de conclusion à l'entretien qui a duré à peine plus d'une heure,  une tirade qui disait en substance  :

"Il y a ce que vous pensez être, ce que vous aimeriez être, ce que vous voulez que les autres croient que vous êtes, ce que vous croyez que les autres croient  que vous êtes,  ce que les autres pensent de vous, ce que vous aimeriez que les autres pensent de vous, et ce que vous êtes ..."

Et moi, dans ce foutras de phrase hypothétique,  je ne sais pas ce qu'il veut dire par là et il faudra que j'attende son "verdict" à une  prochaine fois. Ce que je sais, c'est que je veux juste être reconnue "moi" et le fait que je n'ai jamais eu d'ami, le fait que je n'ai jamais sur vraiment jouer comme les petites filles de mon âge, le fait que je n'ai jamais su me plaindre parce que je ne ressentais pas assez la douleur du fait de mon hypoesthésie (peut-être dû à mes brûlures de second et troisième degré lors de l'accident domestique qui m'a valu un traitement spécial et expérimental à l'aide de poudre, de lumière rouge et d'épluchage de mon dos durant un mois en clinique; peut-être du à ma résistance physique d'avoir subi tant de crises douloureuse d’œdème de Quinke; peut-être dû au fait que mon grand frère avait des jeux violents avec moi et que je m'amusais de compter mes bleus sur mes jambes plutôt que de me plaindre; peut-être; peut-être; tant de choses qui ont augmenté mon seuil de tolérance au mal physique ) , le fait que je n'ai jamais compris l'humour et que j'ai du fait rater toute mes possibilités de pouvoir bien m'intégrer, le fait que je sois susceptible et hypersensible et que je fasse souvent des crises de nerfs ou de larmes,  le fait que que je me sente différente depuis toujours et qu'en ayant eu accès à un certain savoir universitaire de haut niveau universitaire et des diplômes en prime "avec mention" dans le domaine de la psychologie, je sais tout ce que je ne suis pas et par écoute et lecture de ceux qui sont diagnostiqués "syndrome d'Asperger", je sais que je rentre dans cette catégorie. Vouloir refaire le film de ma vie à l'envers pour trouver les quelques moments où le syndrome ne s'exprime pas assez sur mon demi-siècle d'existence est je pense assez "vicieux" et montre bien le traitement général que l'on fait aux personnes autistes.

L'histoire des bruits de fonds

Il me demande "Quand vous vous promenez dans la rue ou à l'extérieur, et que vous ne pensez à rien, c'est quoi vos bruits de fond ?"
Je réfléchis quelques secondes et si je ne pense à rien, c'est que je traite l'environnement, donc je réponds :
 "Quand je suis dehors, j'entends tous les bruits, les voitures, les passants, les klaxons, le vent..."
Il me coupe : "Non je ne parle pas des bruits environnants mais de ce qu'il y a dans votre tête "
Et là, je réfléchis, sachant que la première question stipulait que je ne pensais pas et qu'il s'agissait de bruits de fond donc de bruits
"Je regarde l'environnement et je dénomine les choses, comme elle viennent en images, les couleurs, les arbres, les textures mais cela ne fait pas vraiment de bruit. Par exemple, là, je regarde votre bureau et je me dis il y a des crayons et des feutres dans un pot qui est à coté du clavier de l'ordinateur, des crayons rouges..."
Il relance "Vous nommez les choses donc, vous énumérez ..."  Il note cela, sur sa feuille
MOI : "Oui mais cela ne fait pas de bruit ..."
Il rajoute "Quand je parle de bruit de fond, ce sont vos pensées. Est-ce que vous pensez de manière existentielle ?"
Maintenant, il m'embrouille parce que tout à l'heure il me disait que si je ne pensais à rien, mais si je pense, ce n'est plus la même chose, il faut m'expliquer longtemps pour que je comprenne vite !
" Ah, d'accord. Oui, il m'arrive de penser au sens de la vie mais ce n'est pas en permanence, je ne ressasse pas dans ma tête mais quand je veux y penser c'est de manière consciente, quand je veux écrire, quand je ressens le besoin d'écrire sur un sujet, même si parfois, je ne sens pas trop mon corps et je me demande l'espace d'une seconde pourquoi je suis vivante mais ça passe aussi vite que c'est venu. Sinon, en général je pense à ce que je vais faire, ce que j'ai fait, comme par exemple pour venir ici, je pensais à la manière dont se déroulerait l'entretien,le trajet. Et parfois certains jours si j'ai fait beaucoup de montage vidéo, je revois des images que j'ai montée et je pense à d'autre animations que je pourrais faire. Parfois même la nuit, je repense à des activités que j'ai faites comme si cela laissait une empreinte rétinienne."

                                Fin de cette histoire de bruits de fond avec le psychiatre.

Quelques jours après j'en parle à ma meilleure amie, amie d'enfance, la seule que je côtoie régulièrement, qui me connait parfaitement, je luis demande "Est-ce que tu entends des bruits de fonds dans ta tête " et elle me répond "J'entends ma voix, je m'entends penser". Je lui retrace l'épisode ci-dessus.  Les bruits de fond sont les bruits de mon environnement. 

"C'est certainement ce qu'il voulait savoir si tu comprenais les choses au pied de la lettre ou si tu avais un petit diable qui te fait entendre des voix" Et elle part dans un éclat de rire !

En petit bonus de lecture,  une petite histoire :

Une anecdote remontant à 1992 lorsque j'étais conseillère financier : le psychiatre attribue ma droiture et mon besoin de faire au mieux à un sens trop élevé des valeurs.  En résumé, cette seule anecdote fait de moi une super nana pleine de valeurs, je ne pensais même pas en avoir tant.  Donc, je m'explique :
En 1992, après une formation sur les différents produits financiers, j'effectuais des remplacements de conseillers financiers du bureau de Poste dans lequel je travaillais, lorsque ces derniers partaient en congé.
Pour moi, le rôle du conseiller était comme sont nom l'indique de "conseiller". Or, il s'est avéré un peu plus tard lorsque j'ai été évincée du poste, que le rôle premier soit celui  de "vendre". Durant les périodes où je recevais les clients, je m’attachais à leur demande, soit dit de gagner de l'argent avec des placements. Il se trouve que certains contrats, stipulaient des frais de fonctionnement se montant à un certain pourcentage sur le capital à déduire chaque année des intérêts produits. Lorsque je jugeais que le placement n'était pas assez rentable pour le client  je ne lui proposais pas le produit même si ce produit était le produit "phare" de la campagne actuelle. Je souligne également que les placements financiers correspondant à la saison de campagne publicitaire de placements "vedettes" augmentait les primes financières de la conseillère (donc pour moi, de pépettes en plus !) De ce fait, je favorisais le client et non la Poste. Cette attitude n'est pas celle d'un Asperger qui aurait appliqué les directives de la Banque et même si cela était désavantageux pour le client car un Asperger placerait un produit  qu'on lui demande de placer, il ne vivrait aucun conflit dans le fait qu'il y ait un pourcentage déduit du capital. 

Sauf que : tout dépend sur quoi je me suis fixée au départ.  Ce n'était pas sur le calcul mathématique mais bien sur le vocabulaire lié à ma fonction professionnelle. J'étais conseillère et de ce fait, j'avais le devoir de conseiller. Le mot "conseiller" et,  dans mon refus du mensonge voire mon impossibilité à mentir,  "conseiller" n'est pas tromper, ne pas tromper c'est être fidèle à la demande du client. Et de plus, cela amputait substantivement mes propres primes,  où était mon intérêt ?

Et voilà, je n'ai pas tenu longtemps ce poste qui était vraiment incompatible avec la définition littérale du mot "conseiller"

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