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Le syndrome d'Asperger au féminin

Alors, quelle est ma motivation à faire une telle page sur le syndrome d'Asperger au féminin ?
Il existe comme vous pourrez vous en rendre compte en cherchant dans la barre de recherche Google (par exemple, parce que c'est celle que je préfère, mais tout autre moteur)  de nombreux blogs ainsi que de nombreuses vidéos consacrées à la spécificité féminine du syndrome d'Asperger. 
Ce sont les années de questionnements à mon sujet ainsi que l'aiguillage de certaines personnes attentives à mon égard qui m'ont permis d'en arriver aujourd'hui à la phase de diagnostic. Il est bien évident que mon témoignage personnel rejoint très souvent d'autres témoignages féminins,  et sert en quelque sorte à alimenter le flot d'informations sur ce sujet précis. Plus les données concordent et plus les diagnostics -- très souvent tardifs de femmes passées au travers des mailles du filet mais qui néanmoins se reconnaissent comme différentes -- seront facilités et reconnus.

La plus grosse difficulté  des filles Asperger, c'est qu'elles ont très souvent ressenti le besoin de gommer ou de cacher certains symptômes.  Cette grande conscience de ne pas être comme les petites filles du même âge, puis en grandissant des autres filles et puis du genre humain. Ainsi, selon Tony Attwood (Le syndrome d'Asperger: guide complet, Tony Attwood, éditions De Boeck) il existerait quatre types de stratégies de compensation et d'ajustement  qui permettraient de se normaliser lorsque l'on se sent différent. Il me semble pour ma part avoir jonglé  régulièrement entre ces stratégies et adopté le plus souvent celle de la fuite dans mon imaginaire. Je vais donc illustrer succinctement par mon cas personnel.

1. La dépression réactive 

Me sentir différente dès mon plus jeune âge impliquait de devoir me mettre à l'écart de  mes pairs, je ne jouais que très peu dans la cour.  J'avais un manque d'envie de jeu, un manque d'envie de participation, un manque d'envie d'aller vers les autres. Lors des cours de gymnastique dans le club où je pratiquais j'avais également cette habitude. De fait, rentrée à la maison, comme j'avais une grande sensibilité et je pleurnichais assez souvent, mon grand frère me disait que je versais des larmes de crocodiles.  Frustration, moqueries, sentiment d'incompréhension, sentiment d'être à la fois fragile et pourtant dotée d'une grande réflexion ou d'une capacité supérieure à celle des autres. Tout cela provoquait un grand inconfort "dans ma tête" auquel je remédiais par l'isolement.  Donc, j'avais très souvent le désir et le besoin de m'isoler dans ma chambre avec un livre. J'avais tendance à m'inquiéter du fait que j'avais peur d'avoir des mauvaises notes, j'avais peur de redoubler mes classes durant toute ma scolarité de primaire alors que je tiens à signaler que j'étais la première de la classe. 


2. Fuite dans l’imaginaire 

J'adorais dessiner, découper du papier et des catalogues durant des heures, jouer dans la poussière et les rayons de soleil, observer les billes translucides en les faisant tourner. Je parlais avec mon nounours (que j'ai toujours aujourd'hui) et il avait inventé sa propre vie dans laquelle il était orphelin parce que ses parents ours étaient morts au Pôle Nord et il avait été envoyé en France dans sa boîte de plastique transparente. J'étais une rêveuse et je ne racontais pas mon imaginaire avec les autres. La plupart du temps j'imaginais que je pouvais avoir la capacité de rentrer dans un livre grâce aux dessins d'illustrations et je me promenais à l'intérieur, je fixais les détails et cela devenait réel pour moi, j'étais absorbée.

3. Déni et arrogance 

Cela se manifestait de deux manières. Soit j'étais mutique ou je parlais peu si ce n'est de livrer des informations que l'on me demandait. C'était ma manière de refuser le contact. Soit j'étais têtue au point de faire une crise, de crier de la manière la plus aiguë possible.
Dès la classe de maternelle, j'avais tendance à  vouloir expliquer mon point de vue que je pensais supérieur à celui de la maîtresse,  une inclinaison à penser que les autres ne comprenaient rien parce que j'étais la meilleure de la classe et paradoxalement j'avais une crainte terrible de ne pas être à la hauteur et d'avoir des mauvaises notes. Et cette partie renvoie de fait aux deux premières stratégies compensatoires

4. Imitation 

En ayant pratiqué une certaine forme d'adaptation, notamment en imitant les comportements  des pairs à l'école, puis au collège, puis au lycée.  Dès mon plus jeune âge j'avais pris pour modèle mon frère aîné au point d'avoir eu une identification de genre masculin jusqu'à l'adolescence. Pour ma part, l'imitation était le recours auquel je procédais, avec une angoisse indicible  au fond de moi d'être démasquée. J'avais la ferme sensation de ne pas être comme les autres et pour cette raison j'adoptais des styles vestimentaires à la mode,  parfois portés de manière trop décalée et assortissant mal les tendances, ce qui m'a toujours valu ensuite une allure un peu extravagante.


Pour aller plus loin, des liens de sites et de blogs sur le sujet :

L'errance diagnostique chez la femme Asperger
http://www.petitprinceasperger.com/blog/l-errance-diagnostique-chez-la-femme-asperger.html

Les critères de  la femme Asperger selon Samantha Craft,   
 http://deboutdanslesfleurs.blogspot.fr/p/blog-page.html
 http://everydayaspergers.com/2012/03/31/day-62-females-with-aspergers-syndrome-nonofficial-checklist/


Les explications du Dr Ava Ruth Baker, au retard de diagnostic chez les femmes surdouées, exposées dans le texte de Julie Dachez  "Invisibles à l’extrémité du spectre autistique : le cas des adultes, des femmes et des personnes surdouées"

http://autismesdi.hypotheses.org/44
http://data.over-blog-kiwi.com/0/63/69/05/201311/ob_02df6f_ruth-baker-invisible-a-l-extremite-du-spectre.pdf
http://www.avaruthbaker.com/articles.html

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