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mercredi 10 mai 2017

De la résistance au changement...

Quand il me semble que ma vie est enfin déterminée à subir quelques changements et que le fil des jours qui se déroule me tient malgré tout fixée en un point sécure qu'il est impossible de faire bouger : c'est ainsi que se définit mon incapacité à évoluer.

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Je vais vous expliquer tout cela ou plutôt essayer d'analyser et en même temps cela me fera réfléchir sur mes propres solutions car bien que je sois tout à fait disposée à changer, je reste cependant incapable -- que ce soit sur  le plan comportemental, social et familial de recomposition--  de faire le deuil de ma très chère envie de solitude et de moments égoïstes qui n'appartiennent qu'à moi. 

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Il y a bien sûr plusieurs symptômes qui  viennent se greffer sur la fameuse triade autistique dont tout les experts parlent c'est-à-dire mes difficultés à établir des relations sociales, mes difficultés de communication et mes intérêts restreints -- (qui ne sont d'ailleurs pas restreints mais que j'aime pratiquer seule, tel que jouer sur mon portable, lire des actualités, regarder des vidéos sur internet, choisir mes programmes télévisuels, écrire, faire des montages photo ou vidéo, dessiner, peindre, faire de la couture, faire du crochet et des créations, etc.)-- et qui deviennent assez problématiques pour qui voudrait s'engager dans ma vie de manière amoureuse parce que quelque soit l'Autre, il aura toujours tendance à avoir besoin de plus de temps que je peux honnêtement en offrir lorsque je suis dans ma journée. Alors, malgré l'acceptation avouée par l'Autre  au départ sur mon Autisme, son acceptation de mon Trouble du Spectre de l'Autisme, son acceptation de mon syndrome d'Asperger, cette acceptation  n'est finalement que très brève et ponctuelle, pratiquement limitée à l'énonciation  qui a été faite "Je t'accepte comme tu es". L'Autre en général se croit certainement bien plus fort que mon syndrome. Il pense que peut-être, il réussirait là où tous les Autres ont échoué auparavant, c'est-à-dire m'apprivoiser moi et mon syndrome, me dompter presque,  car il ne s'agit plus simplement d'acceptation mais d'une manière douce et inconsciente de sa part que de tenter de me faire plier et de me tordre, de me malaxer et de me mouler pour que j'intègre le masque et le costume social neurotypique,  moi qui suis complètement atypique, rigide et dysfonctionnelle comparativement aux 99 pour cent a minima des autres  humains.

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Donc, difficile de me faire changer, je suis résistante à tout changement qui viendrait changer ma propre nature. ET à cela, viennent se surajouter des  éléments du quotidien qui s’insupportent et viennent littéralement encombrer mon espace de vie, mon être, mes sens jusqu'à l'agacement douloureux. 

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Je me voudrais amoureuse et je me sens amoureuse, or mon syndrome  m'envahit  au point de me faire rejeter l'Amour que je ressens. 

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La misophonie
Comment accepter les bruits de l'Autre, les bruits que chacun de nous faisons pourtant ? 
Je parle de la respiration la nuit et les ronflements, les raclements de gorge, les bruits de mouchage ou de reniflage ou de reniflements, le raclage de glaire et de crachat,  de mastication et surtout quand parfois les dents claquent ou grincent fortement et d'avalement, le bruit de mouillage de langue et de salive quand on mange, les aspirations de boissons ou de soupe, les rots de fin de "mangeage" ou bien les rototos de la digestion,  les hum hum ou la toux d'éclaircissement, les bâillements trop forts ou les soupirs de lassitude, les trainements des pieds qui font tchi-tchi-tchi-tchi, les bruits de remuements banals de la vie tout bêtement, les bruits de pipi ou de caca et encore plus les bruits de pets non contrôlés ou alors forcés, prout  intempestifs "oups j'ai fait un prout !" que j'assortis d'une rigolade. Comment me sortir de tout ce qui me gêne et faire avec, alors que cela se transforme en bruits indésirables ? Comment accepter l'Autre pleinement ?

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La vérité
Mon besoin de vérification de la vérité,  ma volonté de recherche de la vérité, en tout temps et à toute occasion. Quelquefois, quand l'Autre affirme des choses qui me semblent erronées ou incomplètes voire totalement absurdes et met en doute mon propre savoir sur un sujet, ce qui me met très mal à l'aise. D'une part, ce malaise ressenti vient du fait que je suis gênée de constater que l'Autre brode ou tisse des débordements par rapport à une vérité, et d'autre part, quand l'Autre me fait comprendre que je suis incompétente ou ignorante d'un savoir que lui détient (ou croit savoir détenir) et que sachant que j'ai une très basse confiance en moi pour m'affirmer, je me sens ridiculisée... Donc... Auparavant, je pouvais faire ses recherches en différé donc cela passait parfois inaperçu (même si je gambergeais beaucoup et posais des questions directes jusqu'à parfois épuisement de l’interlocuteur, ou bien a contrario mon grand silence assourdissant !)  mais aujourd'hui avec la révolution internet et les outils tels que Google et Wikipédia et toutes les possibilité de rechercher les informations en temps réels, je ne me gène même plus pour lancer la vérification illico.
Cela devient invivable au fils des jours car l'Autre se sent sans cesse agressé alors que très souvent je vérifie par ce biais mes propres connaissances, je remets à jour ce que je ne sais pas, je vérifie que je sais aussi bien que l'Autre, je vérifie que l'Autre remets en cause mon propre savoir à mauvais escient, je vérifie que je n'ai pas dit une ânerie. 
De ce fait, vérifier mes certitudes, ma propre connaissance et affirmer "C'est moi qui avait raison"   revient à mettre l'Autre en position d'ignorant, ce que lui à le droit de faire sans avoir à recourir à la vérification et quelquefois alors qu'il a tort. Remettre en cause même une seule fois dans la journée alors que toute la journée, je n'ai pas osé remettre en cause d'autres savoirs erronés ou mal énoncés, équivaut à un crime de lèse-majesté. 
La bienséance sociale nous incite ou nous invite  donc à nous taire lorsque les Autres font des erreurs, c'est impoli de faire remarquer que les Autres se trompent et vice versa. C'est-à-dire que tant que les Autres ne disent rien, tu ne dis rien, et si les Autres se trompent tu ne dis rien pour ne pas les vexer.

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L’intolérance à la frustration 
Très souvent, elle découle directement de la recherche de la vérité. Lorsque je sais que j'ai raison sur certains points mais que je n'ai pas réussi à me faire comprendre, je me sens frustrée.
Lorsque je sais que l'Autre s'est trompé et que je résiste pour être socialement "correcte", je me sens frustrée et doublement parce que premièrement je n'ai pas pu ni l'exprimer ni le vérifier immédiatement  et deuxièmement parce que je n'ai pas pu rétablir la vérité.
Me sentir ainsi frustrée fait monter en moi une tension nerveuse, psychologique, douloureuse et envahit mon corps d'une sensation très désagréable. Je suis obligée de me replier sur moi-même pour récupérer. 

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Le renfermement, l'explosion et la colère
Parfois cela me submerge complètement au point de provoquer une grosse crise. Certains diront "crise de nerfs", certains parleront de "shutdown" puis de "meltdown", d'autres me qualifieront de folle, de nerveuse. 















Crise de nerfs, meltdown, auto-agressivité

 Crise de nerfs, meltdown, auto-agressivité
 
 
 
Extrait d'un texte écrit en 2001, j'avais alors 39 ans
[...]
Devant une telle crise de nerfs, je suppose que les gens autour de moi se trouvent désemparés, désorientés voire effrayés. Lorsque je suis trop énervée, je ne trouve plus les mots pour pouvoir m’expliquer calmement. J’admire les personnes qui peuvent se sortir d’une crise en parlant posément et en trouvant des arguments pour leur défense. Enfant, j’ai toujours été surprotégée. Maman me dit souvent que j’étais une enfant calme et la seule grosse bêtise que j’ai faite est celle qui a failli me coûter la vie, et que mon caractère est devenu un peu plus difficile à l’adolescence bien que je sois toujours restée très réservée. En m’élevant de la sorte, étant toujours aux petits soins avec moi, me considérant comme une enfant douée pour qui, il n'était pas nécessaire de s’inquiéter, ne m’autorisant pas à faire certaines tâches car je travaillais bien à l’école, m’a enfermée dans une sorte de bulle idéale. Lors d’une altercation, je perds mes moyens, je ne peux pas raisonner clairement, de plus, je n’ai aucune prédisposition aux échanges verbaux. Maman m’a toujours défendue et je ne sais pas le faire toute seule. En ce moment, je questionne beaucoup Maman sur mon passé car j’ai l’impression qu’il y a comme des oublis importants de ma part, elle veut toujours me considérer comme sa petite fille et me répète sans cesse que j’étais une enfant calme.
Le fait de me mordre pendant la dernière dispute a fait remonter des souvenirs en moi dont j’avais occulté l’existence durant ces nombreuses années. Je pratiquai déjà le dessin, et restai souvent enfermée dans ma chambre pour avoir la paix, j’utilisai des lames de rasoir pour découper mes feuilles de dessins.
Des images me reviennent à l’esprit. Je me faisais souvent sur l’intérieur des avant-bras plusieurs dizaines d’écorchures avec la lame, j’entamais suffisamment ma peau pour laisser apparaître quelques gouttes de sang et formais des sortes d’échelles d’une dizaine de centimètres sur cinq. Je ne me souviens pas de la raison pour laquelle je me faisais ces scarifications, mais j’ai une vision très précise du moment où je passais la lame sur ma peau et une sensation de fascination qui m’inquiète aujourd’hui. (J’en parlerai à mon psy dès la prochaine séance, si j’y pense !)
Je portais souvent des chemisiers à manches longues ou bien des sweat-shirts et est-il possible que mes parents n’aient rien remarqué de ce comportement étrange. S’ils avaient décelé quelque chose, ils auraient dû me faire consulter un psychologue. J’avais aussi des accès de colère, et je me souviens de la fois où j’ai explosé le réveil contre le mur parce que Papa avait pianoté sur les volets de ma chambre en passant dans le jardin. Il avait imité un rythme de tambour pour s'amuser, et je me suis mise à hurler «Ah ! Foutez − moi la paix ! » Et j’ai jeté le réveil car je l’avais en main pour le régler, cela aurait très bien pu être autre chose ! [...]